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 ELZBIETA A ETE ELEVEE PAR DES FEES

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MessageSujet: ELZBIETA A ETE ELEVEE PAR DES FEES   ELZBIETA A ETE ELEVEE PAR DES FEES EmptyJeu 26 Avr - 3:21

ELZBIETA A ETE ELEVEE PAR DES FEES Elzbietagt3

Elzbieta : l’enfance de l’art
par
Daniel-Alexander Dengremont, Deust-Stid 2ème année LILLE 3

Dans une autobiographie éditée en 1997 (L’Enfance de l’Art), Elzbiéta, auteur et illustrateur d’ouvrages pour enfants déclarait : “J’ai été élevée par des fées !”. Empreinte d’une grande nostalgie de l’enfance, cette formule innocente peut toujours faire sourire mais reflète assez bien la personnalité et l’œuvre d’une artiste dont la renommée a depuis longtemps franchi toutes les frontières. La vie de celle qui allait devenir une véritable magicienne dans le monde de l’édition pour la jeunesse n’a cependant pas toujours été marquée par le sceau des contes de fées. Issue d’une famille d’origine modeste, Elzbiéta voit le jour en Pologne, dans ces années troubles qui précèdent la 2ème Guerre Mondiale. La petite fille est à peine âgée de cinq ans quand, fuyant l’horreur de la guerre, la famille décide de quitter la Pologne pour se réfugier en Alsace. Après Mulhouse, Londres et Paris seront rapidement égrenés sur le parcours de la fillette sans jamais lui laisser le temps de se forger de solides points de repères. Ce manque de références touchera d’autant plus l’enfant, qu’elle ne recevra ni de son père, ni de sa mère, l’attention et l’amour que tout parent digne de ce nom se doit de donner à sa progéniture. Rejetée par sa mère dès sa naissance, Elzbiéta est élevée par le seul parent qui comptera véritablement dans sa petite enfance : sa marraine. Très tôt, cette vieille dame entoure l’enfant de la plus grande affection et favorise son épanouissement en la plongeant dans la magie des contes. Le soir venu, sagement installée sur les genoux de cette “fée-marraine”, la fillette écoutera, sans jamais se lasser, les quelques histoires que la vieille dame avait en mémoire. Monstres et lutins, sorcières et fées défileront alors à la lueur de la chandelle, et dans les yeux émerveillés de la petite fille, l’âme de son œuvre future prendra peu à peu corps. Auteure-illustratrice depuis plus de 30 ans, Elzbiéta vit aujourd’hui à Paris où elle consacre la plus grande part de son temps à ses activités de plasticienne et d’auteurs de livres pour enfants. Si l’artiste n’a jamais cessé de voyager et d’enrichir son œuvre au contact de nombreuses cultures, le monde de l’enfance est sans nul doute la seule terre qu’elle n’ait jamais quittée. Cet attachement lui a permis de développer puis d’affiner au fil des ans sa complicité avec le petit lectorat. A l’image d’un Claude Ponti, d’un Antonin Louchard ou d’un Grégoire Solotareff, Elzbiéta se garde de prendre la place du petit lecteur ou de jouer les pédagogue pour séduire enseignants, animateurs et autres spécialistes de la petite enfance.
Chaque album est bien évidemment porteur d’un message mais ce message est essentiellement fondé sur la confiance, le respect et le libre-arbitre de l’enfant. Une fois mise au monde, une œuvre échappe totalement à son auteur et toutes les interprétations sont alors possibles. Loin de s’en offusquer, Elzbiéta est capable de prendre du recul et de comprendre que chaque lecteur est unique et que sa liberté d’interprétation est le gage d’une communication riche d’enseignements.
Pour apprécier pleinement l’œuvre de cette artiste ou pour en découvrir les tenants et les aboutissants, essayons à présent de faire une petite incursion dans quelques-uns de ses ouvrages...

[/size]Des personnages loin du réel pour se préparer à affronter le monde

Dans les albums d’Elzbiéta, les personnages sont en général des animaux, des monstres ou des êtres dotés de pouvoirs qui les différencient des individus ordinaires. Le lapin (Petite Lune ; Petit lapin Hoplà ; La nuit de l’étoile d’or…) ; le chat (Je voudrais un petit garçon ; Ma petite fille est toute petite ; Bon appétit Catimini ; Le Mystère des chats ensorcelés…) ; les sorcières et les fées, les monstres et les diablotins (Grimoire de sorcière ; Echelle de magicien ; Pomdarinette apprentie sorcière ; Gargouilles, sorcières et compagnie ; Joyeuses Pâques…) occupent une place particulièrement importante et lui donnent une coloration « fantastique » tout à fait adaptée au petit lectorat. Quand des êtres humains sont représentés, l’artiste met un point d’honneur à leur donner des attributs ou des caractéristiques permettant, là encore, de les éloigner du commun des mortels. Le clown, par exemple, sera alors le personnage central d’albums tels Trou-Trou, Clown, Gratte-paillettte au jardin du Luxembourg ou Vive Carnaval !
Les rares ouvrages où l’auteur-illustrateur ait tenté de représenter le plus fidèlement possible une entité humaine (Cornefolle, Es-tu folle Cornefolle ?) ont été ici guidés par le souci de ressusciter une personnalité appartenant à la vie même de l’artiste : sa mère. Ouvrage en forme d’exutoire ?…peut-être ! Le petit lecteur n’en aura cure, et s’il parcourt les albums avec un certain plaisir, le contrat entre l’émetteur et le récepteur sera respecté. Au-delà de la dimension fantastique évoquée précédemment, le choix de personnages éloignés de la réalité permet à l’artiste d’aborder des thèmes difficiles en favorisant une distanciation entre le lecteur et les protagonistes des albums. En plaçant l’enfant devant des sujets tels la guerre (Flon-Flon et Musette) ; la mort (Petit lapin Hoplà) ; la pauvreté (Petit-Gris) ; la séparation dans le couple (Bibi)…, Elzbiéta lui dévoile une réalité à laquelle il sera de toutes manières très tôt confronté, notamment au contact du déluge informationnel de cette petit lucarne magique qu’est la télévision. Dans la lignée de la célèbre psychanalyste Françoise Dolto, l’auteur témoigne d’un grand respect pour l’identité de l’enfant en le reconnaissant comme un être capable d’entendre et de comprendre que l’univers qui l’a vu naître est malheureusement porteur d’une violence qui n’épargne aucun être vivant. Le langage utilisé peut quelquefois paraître naïf ou en opposition avec la communication d’égal à égal que l’artiste établit avec son public, mais le recours aux onomatopées, aux assonances et aux allitérations… a ici pour objectif de tisser la trame musicale du texte. Larirette et Catimini, Saperli et Popette, Le voyage de Turlututu… annoncent ainsi, dès la page de titre, la dynamique du récit. La fantaisie, la tendresse et la poésie dégagées par un tel rythme sont par ailleurs renforcées par des techniques narratives principalement axées sur les structures répétitives que sont la reprise syntaxique, la succession d’actions identiques ou le va-et-vient entre deux récits. Favorisant la mémorisation, ces techniques sont particulièrement adaptées à des comptines. L’artiste ne se contente cependant pas de les intégrer à ce seul type d’écrit…Son œuvre toute entière est ainsi conçue. L’auteur pèse ses mots, les calibre et les façonne de manière à obtenir cette musicalité du texte dont seuls les véritables poètes ont le secret.

L’iconographie elzbietienne : le rejet du réalisme

Essayons maintenant de nous attarder sur l’iconographie elzbiétienne. Quelles sont les techniques mises en œuvre et quelles relations le texte entretient-il avec les illustrations ? C’est à peu près vers l’âge de 10 ans qu’Elzbiéta amorce une entreprise artistique qui ne la quittera plus. Les histoires illustrées dont elle nourrit alors la plus belle part de ses cahiers d’écolière seront ainsi enrichies ou épurées avec les années et formeront l’assise d’une base de données d’une grande richesse dans laquelle, encore aujourd’hui, l’artiste ne cesse de puiser son inspiration. Il faut attendre 1972 pour que les premiers ouvrages soient édités. Remarquables de simplicité, ces albums ne possèdent ni textes, ni couleurs. Seul le tracé à l’encre de Chine est présent pour dresser le contour des personnages et des décors et pour tendre le fil conducteur du récit. En quelques trente ans, Elzbiéta a donné le jour à plus de 70 ouvrages pour la jeunesse et mis son talent d’illustratrice au service de nombreux auteurs. Styles et techniques ont certes évolué durant ces longues années de création (la peinture à l’huile, la gouache ou l’utilisation de papier artisanal ont ainsi guidé l’artiste à explorer de nouveaux genres), mais si les travaux de cette virtuose de l’iconographie reflètent une grande capacité à multiplier des styles très différents, l’œuvre d’Elzbiéta a conservé l’essence du graphisme minimaliste de ses débuts. Une citation extraite d’un ouvrage de Umberto Eco (cf : La production des signes) et reprise par l’artiste dans son autobiographie peut nous éclairer sur cette recherche de sobriété : “Si je dessine […] la silhouette d’un cheval en le réduisant à une ligne continue et élémentaire, chacun sera disposé à reconnaître un cheval ; pourtant l’unique propriété qu’a le cheval du dessin (une ligne noire continue) est l’unique propriété que le vrai cheval n’a pas”. Elzbiéta ajoute par ailleurs : “Le miracle de l’image n’est pas dans sa capacité à simuler la réalité, il est au contraire dans le fait qu’elle s’en éloigne et que pourtant nous y reconnaissons du sens”. Partant du principe que l’enfant est capable de lire une illustration sans avoir besoin de nombreuses informations, l’artiste essaye le plus possible de s’écarter d’une représentation proche de la réalité pour privilégier le langage implicite et favoriser l’éveil et l’imagination du petit lecteur. Il en est d’ailleurs de même pour le choix des couleurs. Dans les albums d’Elzbiéta, on pourra ainsi découvrir une herbe bleue, un ciel vert ou de superbes vaches … rouges. Le choix de codes graphiques particuliers (jeux des formes et des couleurs…) est en fait riche d’une double fonction. Comme nous venons de le voir, il permet d’une part de stimuler l’intelligence et l’imagination de l’enfant en ne cherchant pas à le conduire sur des chemins balisés, et de favoriser d’autre part la mise en exergue d’un univers cher à l’artiste : l’univers des contes de fées.

Techniques graphiques :
la simplicité du trait des formes et des couleurs


Il serait à présent intéressant de nous pencher un peu plus sur quelques-unes des techniques graphiques utilisées par l’artiste.A la lumière de ce que nous avons pu découvrir, nous avons maintenant bien compris qu’Elzbiéta ne cherchait pas à peindre la réalité. En choisissant telles techniques graphiques plutôt que telles autres, l’artiste sait qu’elle dispose d’outils tout à fait adéquats pour suivre cette ligne de conduite. Chez Elzbiéta, le recours aux couleurs vives n’est pas systématique dans ses albums à destination des plus petits. Les acryliques, la gouache ou la peinture à l’huile utilisées pour Bibi, Cornefolleou Es-tu folle Cornefolle ? donneront un contraste puissant très apprécié des petites têtes blondes, mais les couleurs plus douces, plus nuancées seront également très présentes dans l’œuvre elzbiétienne et donneront sans doute autant de plaisir au petit lectorat avec des ouvrages tels Petit-Gris ou La nuit de l’étoile d’or. Fusains et pastels sont en fait très prisés par l’artiste (tout particulièrement depuis ces quinze dernières années)…le Petit lapin Hoplà nous en donne d’ailleurs un merveilleux exemple. L’utilisation de papier artisanal incrusté de petits éléments végétaux (Grimoire de sorcière…) ou le découpage et le collage (Flon-Flon et Musette…) sont également très souvent mis à l’honneur. L’illustratrice ne triche pas avec son lectorat en essayant de lui en « donner plein la vue » . C’est au contraire la simplicité du trait, des formes et des couleurs qui est surtout mise en valeur. Ce que les mauvaises langues, le rabat-joie et les esprits grincheux pourraient définir comme un manque de techniques ou d’imagination cache donc en réalité le fruit d’une grande expérience et d’une superbe capacité à exploiter ou à créer de nouveaux styles. Artiste complète, Elzbiéta est ainsi capable d’insuffler la même force, la même énergie dans ses illustrations que dans ses textes. Mais quelles sont exactement les relations entretenues par ces deux grandes sources d’information ?

Rapport texte-image : la recherche de l’équilibre

Les principales caractéristiques du rapport qui unit textes et illustrations peuvent se résumer en deux grands points : il n’y a pas redondance entre eux et, ni l’un, ni l’autre n’a plus d’importance que son partenaire. Dans les comptines (Trou-Trou, Clown, Qui ? Où ? Quoi ?…) et dans des albums tels Grimoire de sorcière, le texte précède l’image, créant ainsi un effet de surprise. L’image peut également compléter ce que le texte ne dit pas, mais elle ne se contentera jamais d’illustrer simplement les données textuelles. Elzbiéta insiste d’ailleurs beaucoup sur ce point en proclamant
dans son autobiographe : “Dans les images qui accompagnent mes textes,
je pars toujours du principe que l’enfant se plaît à jouer de son intelligence,
que son esprit est vif et que tout ce qui est redondant par rapport à ses connaissances ou par rapport à mon texte alourdit inutilement notre complicité”.
Le texte pourra également avoir sa « page personnelle » et être doté d’une taille plus ou moins importante. Il est d’ailleurs intéressant de relever que la densité des informations textuelles et l’emploi d’un langage soutenu provoquent souvent un violent contraste avec la simplicité des illustrations et nous révèlent que l’album est avant tout destiné à être lu par un accompagnant adulte. Enfin, le texte pourra quelquefois s’insérer dans l’illustration, à moins que ce ne soit l’inverse.Selon le type de récit et selon l’âge du lectorat, textes et illustrations pourront donc entretenir toutes sortes de relations. Chaque nouvel album célébrant le sacre de la magie, l’artiste n’a pas fini de s’en donner à cœur joie pour émerveiller son public et bien entendu… pour s’émerveiller elle-même.

En guise de conclusion : un artiste inclassable

C’est parce que le petit lectorat est un public exigeant et difficile à tromper qu’il faut être armé de solides compétences pour arriver à le faire rêver. Si Elzbiéta est parvenue à transcender toutes les modes et à franchir toutes les frontières, ce n’est pas uniquement dû à sa connaissance des pratiques de l’écriture et de l’illustration. L’artiste a conservé son regard d’enfant et c’est parce qu’elle est encore capable de rêver qu’elle sait comment faire rêver. La production elzbiétienne est si diversifiée qu’il semble difficile de la classer dans un genre particulier. Touchant un lectorat d’enfants compris entre 2 et 10 ans, l’artiste se révèle excellente dans les comptines, sait admirablement bien comment aborder des sujets graves et peut nous emporter dans des royaumes où sorcières et monstres sont les plus attendrissants compagnons. Quelles que soient les contraintes éditoriales, l’auteur-illustrateur a toujours su s’adapter et concrétiser ses objectifs. Il existe de nombreuses écoles pour former aux techniques graphiques et plus nombreux encore sont ceux qui désirent ardemment les intégrer. Nanti de son diplôme, l’élève qui la quitte fera sans doute un admirable technicien, mais si sa main se contente simplement d’appliquer des règles et des codes appris jusqu’au bout du pinceau, il n’a pas la plus petite chance de devenir un jour l’Artiste qu’Elzbiéta a toujours été.
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